jeudi 24 février 2011

Un corps qui se délie

C'est un corps attaché qui s'apprête à renaître. Il repousse ses liens, s'en dégage lentement, il se détache de ses prisons terrestres, ces fils qui le relient à d'autres univers étranges. Étrangers à lui. C'est un corps qui s'apprête à couper ses cordons. Un corps qui se dénoue, qui va se déplier, s'étendre, s'attendrir, se détendre avant de se plier à d'autres exigences, celles de la volupté. C'est un corps qui se découvre, se décourbe et se donne. C'est un corps que j'attends, sans impatience, avec la certitude de sa générosité amoureuse.

mercredi 16 février 2011

Dans ma vie secrète


Dans ma vie secrète, le jour tombé, elle allume le feu à grandes eaux. La flamme couve sous une fontaine de désir. Dans ma vie secrète, sa chaleur est de glace et rapproche le bain du lit. Dans ma vie secrète, son sexe brûle et rafraîchit. Il vient jouir dans mon rêve et coule sans retenue dans le scintillement des voluptés étincelantes de l'amour.

lundi 14 février 2011

Sandrine des esprits…

MK2, Paris XIIIe.
Une petite image simple mais construite en reflets, en hommage à mon amie Sandrine… Juste parce que Sandrine n'aime pas les reflets. Elle les déteste. Son furieux coup d’œil sur tout ce qui l'entoure lui fait craindre le pire avec ces distorsions de la réalité. Sandrine a peur. On ne peut pas savoir ce que cache un miroir. Ce que deviennent nos images dans l'au-delà des reflets. Sandrine aime les visages en vrai, ceux qu'elle attrape mieux que des mouches, comme ces grains de beauté qui rendent la vie plus belle. Sandrine se méfie des esprits. Elle a raison. Il peut leur arriver de frapper un peu fort…

samedi 12 février 2011

Au 500e jour…


Le désert est un ventre emprunté au détour d'une rencontre. Nous l'avons pénétré ensemble par un soir de septembre, il y a 500 jours. Dans ce ventre lovés, retournés hors du monde, désertant nos repères, nous avons embrassé mille et un paysages. De découvertes en découvertes, nous avons fabriqué nos mythes, inventé nos histoires, combiné un destin. Une qazâl au loin nous ouvrait son chemin, élégante et rapide, un chemin de gazelle. 500 jours d'un incroyable amour. On ne se perd pas dans le désert, on s'y retrouve. Sur le fil d'une dune, continuité espérée.

jeudi 10 février 2011

Devinette

Dimanche 6 février 2011. Défilé du Nouvel an chinois,
avenue de Choisy, Paris.


Un regard vague ou neutre ou vide déclenche toutes sortes d'interrogations… Que pense-t-elle, qu'aimerait-elle lui dire, le lui dira-t-elle, comment se sent-elle dans le carcan de son dimanche, lui reste-t-il un travail à finir, un amour à conclure, un retour à prévoir, un parent à soigner, un coup de fil à passer ? Et son amie souriante, que va-t-elle en penser, va-t-elle seulement réagir, s'intéresser, faire semblant, la rembarrer ou, au contraire, la regarder, la croire, peut-être la soutenir ? La devinette prend alors tout son charme puisque personne ne saura jamais ce qui là, à cet instant, a fabriqué ces expressions fugaces. C'est une devinette sans solution, un jeu sans vainqueur, juste l'image d'une image pas si juste, incomplète et mensongère. Un coup d’œil sur un coup d’œil. Vite fait !

mardi 8 février 2011

Les messes trompeuses


Paris, défilé du nouvel an chinois, porte de Choisy, 6 février 2011.

On voit ici, me semble-t-il, un peu plus que les couleurs attendues, portées parfois sans conviction, parce que c'est le nouvel an et qu'il le faut bien, parce que c'est carnaval et qu'il le faut bien, parce que c'est dimanche et qu'il le faut bien, parce que la joie peut être simulée par les tissages des rites collectifs obligés. A-t-on seulement le droit à la peine, à l'ennui, à l'incertitude ? Drôle de question… Notre monde sera joyeux ou ne sera pas. Et plus gagne l'ennui, plus lourdes sont les croix, plus astreignantes les traditions, le consensus, les faux-semblants, plus bariolées sont aussi ces fêtes cathartiques, plus bruyantes seront les manifestations expiatoires de nos sourires exténués, plus incertains les chemins que nous pourrions défricher seuls ou à quelques-uns, à nos propres rythmes, sans les emphases du quotidien et sans les messes trompeuses.

lundi 7 février 2011

Valser per un amore…



Paroles et musique : Fabrizio de André.

Valzer per un amore

Quando carica d'anni e di castità
tra i ricordi e le illusioni
del bel tempo che non ritornerà,
troverai le mie canzoni,
nel sentirle ti meraviglierai
che qualcuno abbia lodato
le bellezze che allor più non avrai
e che avesti nel tempo passato

ma non ti servirà il ricordo,
non ti servirà
che per piangere il tuo rifiuto
del mio amore che non tornerà.

Ma non ti servirà più a niente,
non ti servirà
che per piangere sui tuoi occhi
che nessuno più canterà.

Ma non ti servirà più a niente,
non ti servirà
che per piangere sui tuoi occhi
che nessuno più canterà.

Vola il tempo lo sai che vola e va,
forse non ce ne accorgiamo
ma più ancora del tempo che non ha età,
siamo noi che ce ne andiamo
e per questo ti dico amore, amor
io t'attenderò ogni sera,
ma tu vieni non aspettare ancor,
vieni adesso finché è primavera.

Valse pour un amour perdu
Un jour que tu te sentiras bien lasse, 
seule avec tes illusions 
des beaux jours partis sans laisser de traces, 
mes chansons, comme une vision, 
te ramèneront, douces et cruelles, 
au temps où tu étais belle : 
célébrée alors, tu ne le seras plus, 
et ce temps sera bien révolu. 

Mais à quoi bon te rappeler, 
si ce n’est pour pleurer, 
oui, pour pleurer sur ton refus 
de mon amour qui ne reviendra plus. 

Mais il sera alors trop vieux 
ce souvenir de toi, 
ce souvenir de tes beaux yeux 
que jamais plus l’on ne chantera. 
Le temps passe et s’envole, toujours volage, 
qui sait si nous comprendrons : 
pour sa part, le temps, n’a jamais d’âge 
et c’est bien nous qui mourrons. 
Alors moi je te dis, ô mon amour, 
que je t’attendrai chaque jour, 
mais toi, viens, allez, n’attends pas encore, 
viens tant que le printemps n’est pas mort.

dimanche 6 février 2011

Dragon volant

Paris, Porte de Choisy, 6 février 2011. En bas de chez moi, le traditionnel défilé du nouvel an chinois manquait un peu de soleil… et de joie… Mais ça pétarada tard dans les odeurs d'encens. Les petits lapins de l'année ont défilé très gentiment… Jusqu'à ce que ce dragon volant m'approche pour m'emporter bien loin dans son tourbillon bruyant.

Avec toi, j'ai marché de coté sur les eaux…

Que suis-je donc allé faire cet après-midi à Portofino, arpentant les allées du promontoire, tout près de la chiesa di San Gorgio qui surmonte la petite péninsule et garde l'entrée de ses promenades dominicales, surplombant fièrement les deux rivages de la ville estivale ? J'étais sensé être à Paris, au défilé du nouvel an chinois. J'avais bien commencé là. Lorsqu'un dragon jaune et rouge de papier mais rempli de pétards s'est approché de moi et m'a porté jusque-ici. Bien sûr, j'y ai croisé Elvira, ma divine créature de l'ombre. Elle marchait de côté, ne me regardait pas… « Inutile, me dit-elle, tu marches avec moi à la surface des eaux. » J'ai marché !