lundi 20 juillet 2009

La Corse est agaçante


La Corse est agaçante. On ne peut rien en dire. Elle ne supporte aucune généralité. Somme incertaine mais subtile de particularismes divers, elle ne se laisse pas caractériser. Elle est selon. Selon l'humeur du jour, selon le temps qu'il fait ou qu'il va faire si rien ne vient contrecarrer le destin de l'aube. Elle ne se laisse pas aimer. La Corse n'est que désir. Elle est espoir aussi. Mais un espoir désespérant. Un espoir en défense perpétuelle, en recul, un espoir en refus, un espoir en silences. J'aime la Corse pour toutes ces raisons, pour le jeu truqué de ses confidences, pour son art de me rendre muet, et peut-être même ainsi éternel. J'aime la Corse parce qu'elle m'agace. Prodigieusement.

Photo : Porto Pollo, le port.

mardi 7 juillet 2009

Ego sum


Pas de commentaire ici, ce n'est que moi et je n'aime pas trop mettre ma tronche sur mon blog. Surtout que la photo n'est pas de moi, c'est facile à deviner. Mais…
Mais elle est de Karine (lire ci-dessous). C'est le portrait qu'elle a tiré de moi, dans le cadre de nos échanges de bons procédés. Et je le trouve plutôt réussi ce portrait. Je l'ajoute donc sans fausse modestie à mon carnet de notes. Et puis vous savez quoi, pour obtenir ça, elle n'a cliqué qu'une fois. Une seule ! Le génie je vous dis !

Vacances au fond du fleuve

Dans la Seine, on trouve de tout. Avant-hier, une brigade de policiers plongeurs et de ramasseurs patentés faisait son petit ménage pour sortir de la vase ce qu'elle était venue chercher. Pas un cadavre cette fois. D'ailleurs, l'avantage des cadavres, c'est qu'ils ne déplacent que peu de moyens. Quand il n'a pas été lesté, le mort flotte et se déplace. Il suffit de l'attendre au bon endroit pour le cueillir. Ce que fit d'ailleurs un beau matin la pagaie de mon aviron, au sud de l'île. Mais c'est une autre histoire.
Donc avant hier, la police en avait après des cadavres mécaniques et fit bonne pêche, ma foi, avec deux autos et deux motos. Fallait voir leur état, étouffées par rouille, la vase et les algues profondes.
C'est très photogénique une moto qui vient de passer ses vacances au fond de la Seine. Et c'était bien la moindre des reconnaissances que d'offrir le souvenir de cette trace mécanique à mon beau fleuve, ce gardien d'une époque qui tue sans retenue même ses objets les plus chers…

lundi 6 juillet 2009

Onirique

« De nouveau, vous vous approchez, formes vacillantes,
Qui naguère vous êtes précocement offertes à mes regards encore troubles.

Tenterai-je cette fois de vous saisir et de vous fixer ? »
Gœthe

Karine, photographe, comédienne, possède l'un des visages les plus fascinants qu'il m'ait été donné de photographier. Tragédienne de l'intérieur, pas une seule de la moindre de ses émotions n'oublie de s'exprimer sur les traits d'un visage étonnamment mobile. Un visage clignotant qui, en moins d'une seconde, passe de la terreur à la jubilation, de la curiosité à la perplexité, du désir à la mélancolie, de la tendresse à la gravité, de la colère à la générosité…
Déformation de comédienne ? Je ne crois pas. Karine porte son âme sur le visage, je devrais dire ses âmes, damnées ou captives, possédées ou délivrées, errantes ou pacifiées. Ce qui parle chez elle n'est qu'à peine dans les mots ou dans la voix, elle ne peut rien dissimuler. Et ses chairs sont très bavardes…

Une version en couleur, avec un cadrage légèrement resserré.


Retrouvez Karine et sa galerie sur Flickr !

mercredi 1 juillet 2009

Sur mon île de beauté

Y a pas que la Corse ! Et y a pas que les Corses qui peuvent être fiers de leur île. Voilà donc mon île de beauté à moi, baignée dans les eaux jaunâtres de la Seine sur laquelle flottent aussi de jolis bleus joaline à défaut de bouchons roses.
Mon île a de nombreux atouts. La branche armée d'une mafia écolo tendance mao ayant pris la mairie, notre littoral est protégé des assauts des promoteurs sans scrupules. Lesquels n'aiment pas trop non plus notre population métissée, très métissée, puisque 95 % des habitants représentent, par leurs origines, plus de quatre-vingt nationalités. Un joli mondialisme à la sauce du jour, celle de l'échange et du partage avec toutes les sortes de nomadismes.
Et que de pauvres… Salauds de pauvres !
Ce que j'aime pourtant plus que tout dans cette photo, c'est le procédé HDR, mon ennemi intime, un traitement à la barbare qui rend une image totalement artificielle. Normal pour ce genre carte postale : la photo a été conçue et préparée pour la couve du prochain guide de ville. C'est Luc Besson, le nouveau voisin de la rive d'en face qui débarque avec les tambours et les trompettes de son cinéma, qui va être content ! Une image lisse sur mon blog, enfin !