Elle commence par le toucher d’une peau plus ou moins familière qu’on effleure du bout des doigts dans le temps suspendu. Mais elle ne serait rien si, mieux encore, elle n’allait beaucoup plus loin. La caresse a d’autres vertus, d’autres vecteurs. Elle a ses notes, ses effluves et ses couleurs. Elle a aussi sa transgression dans un monde qui repousse les corps sauf s’il s’agit de les capturer, les posséder, les manipuler ou les détruire… Ce monde où la peur du contact retarde le toucher, la surprise, la rencontre, l’instant sublime où s’emparent à plein cœur les corps perdus pour jouer ensemble la note ultime, dans les replis infinis de leurs paysages intimes.
Et parfois même, la caresse va encore plus loin, quand, immatérielle, elle n’est que suggérée, incarnée dans un geste ou la pensée de l’autre.
Ta belle carte postale me l’a montré, le cachet de la poste en fait foi. Foi de mots surprises en pleins et en déliés, foi d’un appel aux jeux de nos lèvres et nos mains, foi des émois d’une quête que réchauffent, même à distance, les ardeurs de l’insatiable désir.
Ta caresse avait cette fois une couleur sable, rehaussée du rouge coquelicot d’une fleur éphémère. Plein sel, elle avait l’odeur de l’algue et les arômes rugueux d’un coquillage échoué. Elle portait le souvenir de nos incursions charnelles et rapportait le fruit violet de nos souffles impatients. Elle dansait sur la plage d’un rêve de partage. Dans l’immédiateté de ce que réussissent ensemble sans s’être concertés, comme par miracle, une plume, un chant, une terre, ta carte et son envol entre deux cieux.
Collage : Mo