Charlottenburg, Berlin.
Il est ce qu'il est, il est ce qu'il devient. D'abord il cherche le chemin, ouvre sa voie, transperce un tapis de moisissures, passe entre deux cailloux, un lichen, trois champignons vénéneux, un reste de croûte d'écorce terrestre et un chapelet de fraise des bois. Puis il surgit, escalade le ciel comme aspiré par la lumière, s'y agrippe et la dévore. Il grandit à l'ombre des aînés, les singe et fait son trou, s'enracine, se durcit, s'affirme dans la plus austère des solitudes mais sans le moindre doute sur sa propre grandeur. Il n'a peur ni des vents ni de l'obscurité pesante des nuits sans lune. Il est éternel comme le diamant. On admire sa puissance. Il est immortel.
Il est ce qu'il est, il est ce qu'il devient, dès les premiers tourments. Est-ce la sève qui s'empâte ? La vue qui s'obscurcit ? Le ciel qui se couvre ? Un noir d'ébène gagne peu à peu, assombrit le chemin. Premier obstacle. Premier coude. Il bifurque et cherche d'autres cieux. Le voilà qui se tord pour ne pas se briser. S'arc-boute souvent aux passages difficiles. S'use et se fatigue. Mais il poursuit l'ascension qui le mènera au ciel. Coude après coude, coûte que coûte, il monte aveuglément au soleil. Il est ce qu'il est, il est ce qu'il devient. Tête en l'air mais têtu.
Il est ce qu'il est, il est ce qu'il devient lorsque surviennent les premiers doutes. Se tord encore un peu pour regarder derrière aussi, plus bas, voir d'où il vient et mieux savoir, peut-être, où il atterrira. S'il atterrit un jour. Si par malheur il fallait en finir. S'il devait rendre à la terre ce qu'il en a reçu.
Il est ce qu'il est, il est ce qu'il devient lorsqu’apparaît, un triste soir de gris, la grande peur de la nuit éternelle. Tous ses membres le brûlent, les veines éclatent et l'écorce, ici et là, se fend. Mais qu'importe, puisqu'il est éternel. Il est comme le diamant, se moque du temps qui ronge. Il lève une dernière fois les yeux, de crainte et de dépit. Puis les referme en paix.
Il est ce qu'il est, il est ce qu'il devient, et se voit maintenant comme l'amour qui, faute d'éternité, sait jour après jour comment redessiner le ciel.
DAOUD : LE TRAÎTRE TRAHI
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Saada Arbane accuse Kamel Daoud On m’a encore écrit pour me rappeler à
l’ordre. Parce que j’ai osé dénoncer le prix accordé à Kamel Daoud qui a
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Il y a 4 mois
2 commentaires:
il est venu.
il est devenu et il devient encore. il regarde, écoute, parle sans que personne l'entende pourtant il parle encore. et il rêve. ferme ses yeux. les ouvre encore. tranquille. restant, respirant, vivant. son ombre vient et disparait. comme ses feuilles. et lui... il reste
Et restera, redessinant le ciel après chaque tempête.
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