lundi 14 janvier 2013

Les amants du Pont-Neuf


Ce fut d’abord lui qui, le premier, maladroitement, écrivit ceci pour elle sur un morceau de carton posé sur le caniveau du pont :
« Quel qu’un vous aime.
Si vous aimez quel qu’un
vous lui dit demain
“le ciel est blanc”.
Si c’est moi je réponds “mais les
nuages sont noirs”.
On saura comme
ça qu’on s’aime. »
Le jour vint où le ciel était blanc et les nuages noirs. Où les amants s'aimèrent. Les amants du Pont-Neuf. Ils se disaient parfois des choses comme ça.
Lui : J’ai eu peur, je courais sous l’eau, j’ai fait un cauchemar, serre-moi. C’était la nuit, t’étais plus sur le pont, t’étais perdu dans le noir, je te cherchais, je voyais plus rien…
Elle : Je suis là où tu veux que je sois. On va plus se quitter d’une semelle et le jour où je ne verrai plus rien, tu seras ma dernière image, derrière mes yeux pour toujours. Tu m’aimeras ?
Lui : Oui, comme avant mais pas pareil.
Elle : Tu es beau, c’est étrange. Depuis des semaines, toutes les nuits ou presque, j’ai des images de toi. Les gens qui sont dans nos rêves, il faudrait toujours les appeler le matin au réveil. La vie serait plus simple.

Extraits des Amants du Pont-Neuf, de Leos Carax.

2 commentaires:

Badev a dit…

Mon film. Tu sais.
Et tres belle la photo.
Bonne nuit, mon revolutionair.

Alalettre a dit…

Merci pour ton mot Barbara.