mardi 29 mars 2011

Le cri

Camille, concert privé, 2009.
« Là où le gros de la foule résiste à un discours subtil, dont la notation intellectuelle lui échappe, elle ne résiste pas à des effets de surprise physique, au dynamisme de cris et de gestes violents, à des explosions visuelles, à tout un ensemble d’effets tétanisants venus à point nommé et utilisés pour agir de façon directe sur la sensibilité matérielle du spectateur.
Porté par le paroxysme d’une action matérielle violente et à laquelle nulle sensibilité ne résiste, le spectateur voit s’affiner son système nerveux général, il devient plus apte à recevoir les ondes des émotions plus rares, des idées sublimes des Grands Mythes qui par ce spectacle-là chercheront à l’atteindre par leur force physique de déflagration. »
Antonin Artaud

dimanche 27 mars 2011

Mon jardin parisien

Au pied de mon arbre du pied de chez moi.

Voila mon jardin parisien, mon petit jardin sauvage, au pied de mon arbre du pied de chez moi. Mon  jardin de rue, discrètement fleuri de jaunes et de mauves. Personne ne lui a rien demandé, il est venu tout seul. Né dans une cage, il s'en est échappé. Rien ne peut lui arriver jusqu'à la fin de l'été. Il n'exige de moi aucun entretien, c'est un jardin de rêve qui n'a besoin de rien. Sauf une chose, un chose vitale pour lui. Il veut que je le regarde, avec tendresse, il veut que le l'accompagne. Il veut me voir le voir grandir. Il veut être aimé comme il est, dans son insouciance et sa liberté retrouvée…

Ovunque proteggi…

vendredi 25 mars 2011

Alors j’ai commencé à la trahir…


À l’ombre de mon ombre, lac d’Annecy.
« Alors j’ai commencé à la trahir.
Non que j’aie ébruité des secrets. Je n’ai rien dit que j’aurais dû taire. Je ne me suis pas rangé de son côté. Je sais que ce genre de reniement est une variante discrète de la trahison. De l’extérieur, impossible de voir si c’est un reniement ou une preuve de discrétion, une forme d’égard, une manière d’éviter la gêne et les désagréments. Mais celui qui agit de la sorte le sait très bien. Et le reniement sape une relation tout autant que les variantes spectaculaires de la trahison. »
Bernhard Schlink, The Reader.

mardi 22 mars 2011

Haïku


Loup y es-tu ?
Le temps est un outrage vert
Bleue de nuit, la lune te protège.

lundi 21 mars 2011

L’effacé (avant qu’il ne soit trop tard !)

Elle n’a pas eu l'envie de m’effacer, ou le courage, ou la tendresse. Je me suis débrouillé seul, j’ai pris l’éponge, je l’ai passée sur ce self de vitrine, miroir incongru, trop beau pour être honnête, trop graphique pour être vrai. Il ne restait rien de moi. J’ai regardé les anges. Ils m’ont promis le paradis…

dimanche 20 mars 2011

Paris caresse

Le printemps de Paris, rue Nationale, 20 mars 2011.

Cette nuit à minuit nous serons le printemps et ce matin déjà, dans mes yeux dans les tiens, dans ma rue sur tes collines, il avait revêtu ses habits de velours, colorés, aériens, parfumés… Ses pétales déployés découvraient des boutons odorants, des miels onctueux. Le jour s’est fait désir, notre amour poésie. Nous étions absorbés l’un par l'autre de loin. Paris s’est fait caresse.

jeudi 17 mars 2011

Mazzini, visionnaire oublié

Tombeau de Mazzini, cimetière de Staglieno, Gênes.

En ce jour du 150e anniversaire de l’unité italienne, qu’il me soit permis, depuis sa belle tombe, de rendre un modeste hommage à un grand Gênois, démocrate, républicain, Guiseppe Mazzini, quelque peu oublié des festivités italiennes alors que persistent de fortes oppositions entre le nord et le sud de la péninsule. Avec Garibladi, dont il fut en quelque sorte le cerveau politique, auprès de Cavour et de Victor-Emmanuel II, le fondateur de la Giovine Italia a joué un rôle déterminant dans l’unification de son pays. Pourtant, il ne se reconnaîtra pas totalement dans cette sorte d’annexion du mezzogiorno par les puissants du nord, fût-elle plébiscitée. Et souvent imposée par la force dans de terribles combats. La vision de Mazzani, celle qu'il appelait l'Europe des peuples, portait beaucoup plus loin. Si loin que nous n’y sommes toujours pas parvenus.

mardi 15 mars 2011

Dans les songes ténébreux de l’insensé

Zoagli, Liguria, 5 Ottobre 2010.

N’éteins pas la lumière. Pas maintenant, pas déjà. Profitons encore un peu du jour, même à son crépuscule. Retiens la nuit, ne la laisse pas nous happer, nous envelopper, nous dévorer. Chante la nuit, charme-là, endors-là. Aime la nuit, elle nous sera plus indulgente. Elle nous protégera peut-être de la sombre tempête. De l’inévitable chagrin. Des pluies d’été de passage dans les grains du matin. Veille la nuit. Et veille sur moi qui me perds dans les songes ténébreux de l’insensé.

samedi 12 mars 2011

Ne jamais dire jamais

Atmosphère intérieure… Très intérieure. Il s'est en effet passé ceci lorsque je me suis tout récemment équipé d'un sèche-cheveux de marque Philips (Salon dry compact, deux vitesses réglables, touche air froid pour fixer la coiffure, modèle HP4961) que je recommande vivement: à peine la boîte ouverte que son image s'est réfugiée dans le miroir. Oui, vous avez bien lu, comme la lampe d'Aladin. Au début, et comme dans la réalité du conte, ce n'était qu'un nuage, une fumée d'image. Puis la forme a pris corps, s'est projetée dans le miroir, oui, vous avez bien lu, façon Alice au pays des merveilles. En bon chasseur de fantômes, j'ai vite fait la photo. Elle était là en vrai ! Ne jamais dire jamais.

vendredi 11 mars 2011

La guerre des ombres

Paris IVe, place Igor Stravinsky.

Parfois la vue se brouille et perd le sens de la lumière. Les ombres se répandent à l'infini pour mieux se déclarer la guerre, inutiles silhouettes, fantômes oubliés. Dans ces distorsions capricieuses du temps, heureusement fugitives, accidentelles, se reconstruit sans doute une autre vision du monde. Lentement, le plus lentement possible, car il faudra bientôt honorer les vainqueurs et enterrer les vaincus.

jeudi 10 mars 2011

Collier de baldaquin

Encore heureux, nous avions été prévenus. Jean-Michel Othoniel (qui expose à Beaubourg jusqu'au 23 mai) «explore la frontière entre le monde organique et le monde naturel et questionne les limites du genre. Puis, avec la découverte du verre, de sa couleur, de ses infinies possibilités plastiques mêlant force et vulnérabilité, son œuvre trouve une nouvelle monumentalité, se met en mouvement…»
Ben ça alors ! Non d'un chien ! Aussi sec on est rentré.
De là à tomber sur un baldaquin rose emperlé ! Totale simplicité, dans son élémentaire pureté. Oui vraiment « les limites du genre ! » Raluca qui fondait à vue d’œil a donc joué sa Betty Boop, ou sa Ralukini Kitsch, ce qui revient presque au même !
Pour la couleur, c'est ici !

mercredi 9 mars 2011

Rotative

Paris, Centre Georges Pompidou, 7 mars 2011.

Fashion week à Paris. La contagion des défilés fait partout défiler Raluca, ici comme en revue, dans le boyau connu de la galerie suspendue, inspirée aspirée entraînée, la tourbillonnante jeune fille marche à l'ombre des reflets en fleur.

dimanche 6 mars 2011

Ligne 14


Ligne 14, Paris.

Isolée dans la foule, emportée par le train, retranchée, protégée des regards, prenant cet air absent qu'ont toutes les têtes de ce que le métro compte de bétail parisien transporté, Raluca est rentrée dans sa coquille. Ne cherchez pas à savoir ce qui lui passe derrière les yeux, la chose est si lointaine qui se cache, elle aussi, comme la perle au creux d'un coquillage délaissé, solitaire, anonyme, balloté dans le chahut des ressacs urbains. Dans l'insoutenable silence des brouhahas métropolitains.

samedi 5 mars 2011